En ce vendredi 11 juillet, c’est Kuujjuaq, village reculé du Nord-du-Québec, qui a étonnamment été le point le plus chaud de la province, atteignant un maximum de 31 °C (88 °F), avec un humidex à 32 (90 °F). Une température rarement — voire jamais — enregistrée à cette latitude à ce moment de l’année.
Environnement Canada a d’ailleurs émis un avertissement de chaleur pour les communautés de la région, notamment celles situées autour de la baie d’Ungava, où l’on prévoit que les maximales dépasseront les 26 °C (79 °F) pendant plusieurs jours, avec des nuits à 12 °C (54 °F), soit près de 10 degrés au-dessus des normales saisonnières.
Selon Steven Flisfeder, météorologue chez Environnement Canada, cette chaleur est liée à une circulation atmosphérique inhabituelle qui pousse une masse d’air très chaud depuis le nord-est de l’Ontario vers le Nunavik.
Kuujjuaq sous pression : « Tout ferme quand il fait chaud »
Sur le terrain, cette vague de chaleur ne passe pas inaperçue. Les habitations, pensées pour retenir la chaleur, deviennent étouffantes et difficiles à aérer. « Les maisons sont faites pour l’hiver. C’est très difficile d’y faire circuler l’air », explique la Dre Nathalie Boulanger, directrice des services professionnels au centre de santé Tulattavik de Kuujjuaq, jointe vendredi matin à l’émission Québec matin.
Elle raconte que les gens commencent, petit à petit, à s’équiper de ventilateurs et de petits climatiseurs portatifs, un phénomène nouveau pour une région qui n’a jamais vraiment eu à se préparer pour de telles chaleurs estivales. « Avant, on pouvait avoir du 28 ou 29 degrés une journée ou deux, et puis ça redescendait. Maintenant, ça peut durer une semaine, voire dix jours », souligne-t-elle.
Quand la température grimpe au-delà des 30 degrés, la vie au village s’arrête pratiquement. Écoles, commerces, services : tout ferme, car l’intérieur des bâtiments devient invivable. L’hôpital reste ouvert, mais il ne fait pas exception : « Il n’y a pas d’air climatisé. On travaille dans une chaleur accablante », dit-elle.
Elle se remémore un été particulièrement chaud : « Je croisais les doigts pour qu’aucune femme n’accouche un jour où il faisait 34 degrés. On n’a pas grand-chose pour rafraîchir les patientes, à part de la glace dans un petit verre. »
Cette situation, de plus en plus fréquente, soulève une question de fond : comment adapter les infrastructures nordiques à une météo qui ne ressemble plus à celle d’autrefois ?